L’histoire de la pyrotechnie
par Matthieu Gagnot, rédacteur Masters de Feu
D’origine mystérieuse et lointaine, les feux d’artifices ont probablement été inventés en Chine il y a plus d’un millier d’années. De la renaissance italienne aux grands spectacles modernes, l’histoire de la pyrotechnie a accompagné les progrès de la chimie pour devenir un élément incontournable des fêtes populaires.
L’invention de la pyrotechnie
Qui a inventé le premier feu d’artifice ? Plusieurs histoires cohabitent sans qu’on sache vraiment laquelle est véridique, surtout que l’histoire des feux d’artifice se confond souvent avec leurs applications militaires. Autour du 10ème siècle, en Chine, des roquettes enflammées lancées depuis des tubes en bambous auraient été utilisées pour semer la terreur chez les ennemis.
Environ à la même époque, l’invention du premier feu d’artifice est traditionnellement attribuée à Li Tian, un moine vivant dans la ville de Liuyang (province du Hunan) en Chine. Il aurait créé les premières bombes d’artifice pour éloigner les mauvais esprits avec du charbon de bois, du salpêtre et du souffre. Aujourd’hui, Liuyang est la capitale des feux d’artifice et concentre 2/3 de la production mondiale.
Selon une autre histoire populaire, ce serait un cuisinier qui aurait inventé les feux d’artifice par accident : en versant du salpêtre dans un feu de cuisson, il aurait produit une flamme à l’aspect remarquable.
Ce qui est sûr, c’est que la recette de la poudre à canon (souffre + salpêtre + charbon de bois) permet aux feux d’artifice de se développer sous la dynastie Song (960 – 1279) en Chine. Ils sont utilisés à l’occasion du jour de l’an, de mariages ou de célébrations militaires, notamment pour éloigner les mauvais esprits.
Arrivée en Europe : l’école italienne
Sur la route de la Soie, la réputation des feux d’artifice parvient en occident, d’abord en Italie. Marco Polo est souvent crédité pour en avoir rapporté la recette depuis la Chine. Dès le 13ème siècle, une école italienne se développe : les spectacles pyrotechniques accompagnent les grands évènements de la cour.
Alors que la pyrotechnie rejoint le rang des beaux-arts, les artificiers italiens seront pendant longtemps les meilleurs d’Europe. La recette de la poudre noire s’enrichit d’or et d’argent pour donner des couleurs aux étincelles.
Les feux d’artifice à la cour du roi de France
Au 17ème siècle, la pyrotechnie passe les Alpes : le premier grand feu d’artifice français est donné en 1615 à Paris. Depuis la place des Vosges, il célèbre le mariage de Louis XIII et d’Anne d’Autriche. La pyrotechnie s’impose rapidement à la cour pour démontrer la grandeur du roi, de Versailles à Fontainebleau en passant par la capitale.
Au 18ème siècle, la charge d’artificier du roi est instituée. Elle revient rapidement aux frères Ruggieri, dont la famille servira sous Louis XV, Louis XVI et même sous l’empereur Napoléon Bonaparte. Les feux sont alors tirés depuis des décors grandioses construits pour l’occasion : tour, temple, fontaine… Les artificiers travaillent de concert avec des architectes, peintres et charpentiers.
L’histoire de la pyrotechnie jusqu’à aujourd’hui
Au 19ème siècle, les feux d’artifice prennent des couleurs. Ils sont enrichis de sels métalliques (ou poudres de métaux) pour produire des tons encore jamais vus : cuivre pour le bleu, strontium pour le rouge, calcium pour l’orange, etc… Peu à peu, ils deviennent indissociables des grands évènements populaires, comme l’exposition universelle de Paris en 1889.
Au 20ème siècle, les progrès de la chimie permettent d’avoir de plus en plus de contrôle sur les couleurs et les sons. Le timing devient plus précis que jamais : les minuteurs électroniques permettent un lancement au centième de seconde, ce qui ouvre des possibilités illimitées pour caler la pyrotechnie sur une bande-son en musique.
L’histoire de la pyrotechnie continue de s’écrire au sein des compagnies d’artificiers qui s’affrontent sur les grands concours internationaux. Pour voir ce qui se fait de mieux en Europe, les Masters de Feu vous attendent chaque année à Compiègne !
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